Contrôle technique moto : tout ce qu’il faut savoir avant votre visite
Depuis le printemps 2024, le paysage administratif des deux-roues a basculé. Le contrôle technique moto est devenu obligatoire, bouleversant les habitudes de millions de conducteurs français. Cette mesure européenne, longtemps débattue, s’applique désormais à toutes les motos, scooters et véhicules légers à moteur, avec des échéances échelonnées jusqu’en 2026.
Les propriétaires découvrent un nouveau parcours administratif : 161 points de contrôle, des tarifs libres oscillant entre 45 et 120 euros, et des sanctions pouvant atteindre 750 euros. Certains centres comme Sécuritest Moto ou DEKRA Moto se sont rapidement positionnés sur ce marché émergent, tandis que les motards s’interrogent sur les implications pratiques de cette réglementation.
Entre exemptions pour les motos de collection, délais de contre-visite et nouvelles obligations lors de la revente, le contrôle technique redessine les contours de la mobilité deux-roues en France.
Calendrier et véhicules concernés par le contrôle technique moto
La mise en œuvre du contrôle technique suit un planning précis, établi selon l’année d’immatriculation des véhicules. Cette approche progressive permet aux propriétaires de s’organiser et aux centres de contrôle de monter en puissance progressivement.
Les véhicules concernés couvrent un spectre large : toutes les catégories L1 à L7 sont désormais soumises à cette obligation. Cela inclut les cyclomoteurs 50cc, les motos de toutes cylindrées, les scooters trois-roues, les quads homologués route et même les voiturettes sans permis.
- Motos immatriculées avant 2017 : passage obligatoire avant fin décembre 2024
- Véhicules de 2017 à 2019 : échéance fixée à décembre 2025
- Modèles de 2020-2021 : premier contrôle requis avant décembre 2026
- Motos post-2022 : premier passage dans les 5 ans suivant l’immatriculation
Certaines catégories échappent cependant à cette règle. Les motos de compétition dotées d’une licence FFM valide bénéficient d’une exemption, tout comme les véhicules de collection antérieurs à 1960. Ces derniers sont considérés comme patrimoine roulant et bénéficient d’un régime spécial. Pour les démarches liées à l’immatriculation, vous pouvez consulter notre guide sur la demande de carte grise qui détaille les procédures administratives.

Spécificités des motos de collection
Les véhicules de collection post-1960 naviguent dans un régime intermédiaire. Ils restent soumis au contrôle technique mais bénéficient d’aménagements : validité de 5 ans au lieu de 3, exemption des contrôles de pollution faute de données sur les cartes grises d’époque.
Cette distinction reconnaît la particularité de ces machines, souvent utilisées occasionnellement et entretenues avec un soin particulier par leurs propriétaires passionnés. La procédure pour obtenir le statut de véhicule de collection nécessite une carte grise spécifique, accessible aux motos de plus de 30 ans à leur première immatriculation.
Déroulement et points de contrôle du diagnostic moto
Le contrôle technique moto se déroule en moyenne sur 30 à 45 minutes, période durant laquelle 161 points de défaillance potentiels sont évalués. Cette inspection méthodique couvre l’ensemble des systèmes de sécurité, depuis l’éclairage jusqu’aux suspensions, en passant par les freins et les émissions.
Le propriétaire doit se présenter avec l’original de la carte grise. Le véhicule doit être en état de marche, moteur fonctionnel et commandes opérationnelles. Le contrôleur procède sans démontage, sauf pour accéder aux numéros de châssis et moteur, opération fréquente sur les scooters.
- Système de freinage : plaquettes, disques, câbles et efficacité
- Éclairage et signalisation : phares, clignotants, feux de position
- Direction et suspension : guidon, fourche, amortisseurs
- Pneumatiques et roues : usure, pression, équilibrage
- Émissions polluantes et sonores : conformité aux normes Euro
Les résultats se classent en trois catégories aux conséquences distinctes. Les défaillances mineures n’empêchent pas la validation du contrôle. Les défauts majeurs accordent un délai de 2 mois pour effectuer les réparations et repasser une contre-visite. Les défaillances critiques imposent une immobilisation immédiate du véhicule.
Concernant les modifications, une bonne nouvelle pour les amateurs de préparations : le contrôleur n’est pas juridiquement tenu de vérifier la conformité à l’origine. Boucles arrière coupées, pots d’échappement adaptables peuvent passer, sous réserve de respecter les critères de sécurité et d’émissions. Comme pour débrider une trottinette électrique, les modifications doivent rester dans un cadre légal.
Mesures acoustiques et pollution
Le contrôle du bruit constitue un enjeu majeur depuis mars 2025, date à laquelle tous les centres doivent disposer d’un sonomètre. Le niveau sonore ne doit pas dépasser la valeur carte grise majorée de 5 décibels, marge substantielle mais qui peut surprendre certains propriétaires de motos préparées.
Pour la pollution, les critères varient selon l’époque du véhicule. Les motos sans catalyseur d’origine bénéficient d’une tolérance de 4,5%, tandis que les modèles catalysés doivent respecter 0,5% au ralenti et 0,3% au ralenti accéléré. Les moteurs 2-temps et les véhicules antérieurs au 17 juin 1999 échappent totalement au contrôle CO2.
Centres agréés et tarification du contrôle technique
Le marché du contrôle technique moto s’organise autour d’acteurs variés. Les grands réseaux automobiles comme Norisko Moto, Autosur Moto et Autovision ont rapidement étendu leur offre aux deux-roues. Des spécialistes comme Contrôle Technique Auto Moto, Moto Contrôle ou CTExpert Moto se positionnent également sur ce créneau.
La tarification libre génère une forte disparité géographique. Les prix oscillent entre 45 euros dans certaines zones rurales et 120 euros dans les grandes métropoles. Cette liberté tarifaire, voulue par le gouvernement, crée une concurrence qui devrait théoriquement faire baisser les coûts à moyen terme.
- Centres franchisés : Sécuritest Moto, DEKRA Moto, tarifs standardisés par région
- Acteurs indépendants : Controleo, CTM Moto, prix plus variables
- Moyens de paiement : carte bancaire généralement acceptée, espèces parfois refusées
- Délais de rendez-vous : de 24h à plusieurs semaines selon la zone
La vérification de l’agrément s’impose avant toute prise de rendez-vous. Tous les centres automobiles ne sont pas habilités pour les deux-roues. L’Organisme Technique Central (OTC) tient à jour la liste des établissements certifiés par département et catégorie de véhicule.
Les investissements nécessaires expliquent en partie les tarifs pratiqués. L’acquisition de sonomètres, la formation du personnel et l’adaptation des installations représentent des coûts significatifs pour les centres. Cette situation rappelle les enjeux financiers rencontrés dans d’autres secteurs, comme expliqué dans notre article sur les investissements en données BtoB.